Henry Bernard Alfred Testot-Ferry dit
Henry de Ferry est un
Géologue,
archéologue et
paléontologue français né le
5 février 1826 à
La Chapelle-la-Reine (
Seine-et-Marne). Découvreur du site préhistorique de
Solutré, il est décédé subitement le
9 novembre 1869 à l'âge de seulement 43 ans, à Bussières (
Saône-et-Loire).
Sa famille
Henry est le fils cadet du général
baron Claude Testot-Ferry, héros des guerres napoléoniennes, anobli par l'empereur
Napoléon Ier en
1814, mort à Chatillon sur Seine et de Joséphine Elizabeth Claudine Fabry.
Après une jeunesse quelque peu oisive typique de la jeunesse dorée du XIXe siècle, où la chasse est sa principale passion, il épouse en 1852, suivant les conseils (ou plutôt l'insistance) de son frère aîné Gustave, IIe Baron Testot-Ferry, juge à Mâcon, Louise Madeleine O'Brien, descendante du clan O'Brien du Munster qui a donné plusieurs rois à l'Irlande, et qui a été reçu aux honneurs de la cour sous Louis XV en 1737. Cette dernière apporte en dot sa propriété à Prissé (Saône-et-Loire) qu'ils occupent jusqu'à ce qu'il déménage pour s'installer définitivement dans le village de Bussières, dont il deviendra maire en 1856 et qui est situé à quelques kilomètres de la Roche de Solutré.
Il aura 6 enfants, dont les trajectoires seront très éloignées de la Paléontologie. Dont Alfred, né en 1853, lieutenant de vaisseau à Toulon et Chevalier de la légion d'honneur.
Les débuts d'une passion
Henry Testot-Ferry se consacra d'abord à la
Géologie. Membre fondateur du Comité de
Paléontologie française, il fut chargé de de réaliser en collaboration avec le Dr Louis Édouard Gourdan de Fromentel une monographie sur les
polypiers. A cette occasion, il en découvre et décrit un nouveau genre qui portera son nom :
Ferrya.
Il est le premier à constater dans la vallée de la Saône les traces de différentes occupations préhistoriques, en fouillant la région dans son ensemble et plus particulièrement le site de Charbonnières (Saône-et-Loire).
La
Paléontologie prenant vite le pas sur la géologie, il sondera à partir de 1866 le site du
Crot-du-Charnier au pied de la
Roche de Solutré, affleurement d'ossements de chevaux (appelé magma). Peu après, Henry Testot-Ferry découvre le long du chemin traversant le Crot-du-Charnier la zone des foyers de l'"âge du renne" contenant de nombreux outils en
Silex et de la
faune. Si le renne prédomine, on trouve également du cheval, de l'éléphant, du cerf élaphe, du renard, du loup ou encore du tigre des cavernes. On a retrouvé dans certains foyers plus de 2000 silex et jusqu'à 400 bois de renne.
Contrairement aux sites découverts en grotte, il est difficile de déterminer à Solutré l'ampleur du gisement et de le délimiter. Avec Adrien Arcelin, Henry Testot-Ferry procède par sondages. Les deux hommes décident par ailleurs de tamiser la terre entre leurs mains, les vestiges sont donc méthodiquement recueillis et examinés.
En 1868, Henry Testot-Ferry conclue à l'existence d'une station de chasse au pied de la roche : "Rien qu'à la prédominance des armes, des grattoirs et des lames, il est aisé de voir que l'on a affaire ici à un peuple exclusivement chasseur, auquel il fallait des armes avant tout pour se rendre maître de sa proie ; puis des lames pour la dépecer, en tailler les os ou les bois, puis des grattoirs pour mettre à nu les cordes à boyaux, racler les os et surtout pour préparer les peaux, préparation qui, à en juger par la quantité de ces derniers outils, devait être une des principales occupations de la tribu, une fois celle-ci rentrée dans ses foyers". (Henry Testot-Ferry, 1869).
Henry testot-Ferry découvre également en 1867 une petite statuette de cervidé. Elle est le premier spécimen connu de l'art Solutréen, et témoigne de la culture des hommes préhistoriques au même titre que les peintures rupestres sous grotte.
Une vie consacrée aux sciences
Dans le cadre de l'étude des gisements préhistoriques de
Solutré, Henry Testot-Ferry rentre en contact avec la plupart des préhistoriens de son époque pour discuter et valider un certain nombre d'hypothèses. Il entretient ainsi une longue relation épistolaire avec Jacques Boucher de Perthes.
Édouard Lartet,
Gabriel de Mortillet et Sir
John Lubbock viendront même sur place pour assister aux
fouilles.
Avec Adrien Arcelin, ils présentent leurs recherches dans des congrès internationaux et Solutré devient très vite l'un des grands sites préhistoriques français.
Il contribua à la vie scientifique de nombreuses sociétés en France et fut :
- membre fondateur du Comité de Paléontologie Française, avec lequel il participera à l'écriture des 16 derniers volumes de la Paléontologie française commencé par Alcide Dessalines d'Orbigny
- membre de la Société Géologique de France
- correspondant de la Société Linéenne de Normandie
- correspondant de la Société d'Émulation du Doubs
- titulaire de l'Académie de Mâcon
Une partie importante de sa collection de référence (riche de 5262 pièces) sera léguée au Muséum national d'histoire naturelle à Paris, ainsi qu'au Musée des Ursulines de Mâcon. Son petit-fils André Testot-Ferry vendra une autre part importante de cette collection au British Museum de Londres en 1958.
Anecdotes
- Quelques années après le décès d'Henry Testot-Ferry, en 1872 au congrès de Bruxelles, le célèbre anthropologue Gabriel de Mortillet décident d'attribuer aux cultures préhistoriques des noms formés à partir de stations éponymes. Ainsi, il donnera le nom du site à un faciès culturel préhistorique du Paléolithique supérieur : le Solutréen.
- À Bussières, il existe une rue Henry Testot-Ferry, inaugurée en 2004, qui longe la maison où il a vécu et qui part en direction de Solutré.
Bibliographie
- Henry de Ferry et Louis Édouard Gourdan de Fromentel, Paléontologie Française, Paris, 1861
- Henry de Ferry, Les Gisements archéologiques des bords de la Saône, Mâcon, 1868
- Henry de Ferry, L'Homme préhistorique en Mâconnais, 1868
- Henry de Ferry, Le Mâconnais préhistorique, Paris, 1870
- Annales de l'acédémie de Mâcon, 1869-1906
- 1866 : l'invention de Solutré, Catalogue de l'exposition de l'été 1989 au Musée Départemental de Préhistoire de Solutré
- Solutré, musée départemental de préhistoire, Geneviève Lagardère, 1997.
Voir aussi